L'analyse des marchés financiers

Olivier Gayno - Directeur des Investissements, HSBC Asset Management (France) -  23/11/2025


Temps de lecture : 4 min

Quelle analyse faites-vous des 3 derniers mois sur le plan macroéconomique ?

Olivier Gayno : Alors que la croissance économique américaine paraissait très vigoureuse durant la première partie de l’année, il est apparu lors des trois derniers mois que le marché de l’emploi aux Etats-Unis s’est affaibli et qu’un ralentissement économique est très certainement en cours outre-Atlantique. Il n’y a pas de certitude à ce sujet et l’absence de statistiques récentes aux Etats-Unis, due à la fermeture budgétaire des administrations américaines (« Shutdown »), affaiblit la visibilité de l’état de l’économie locale, même pour la banque centrale américaine. Cette dernière, après avoir maintenu les taux d’intérêt à un niveau élevé jusqu’à l’automne, a commencé à baisser ses taux en septembre, puis en octobre pour les porter de 4,5% à 4%. Cet assouplissement et l’attente de la continuation de ce cycle de baisse de taux aux Etats-Unis a conforté les marchés financiers dans leur progression. Les annonces successives d’accords commerciaux, même partiels, entre les Etats-Unis et certains de ses partenaires (en particulier la Chine) pour éviter des droits de douane prohibitifs sur les produits exportés vers les USA ont également constitué des nouvelles positives pour les marchés financiers. 

 

La situation économique dans la zone euro est relativement plus stable, avec une croissance régulière même si elle reste faible. Les prévisions de la plupart des économistes sur la croissance européenne étaient plutôt négatives au début de l’année, anticipant notamment un ralentissement dû au renchérissement de début d’année de l’euro face à la devise américaine. Cette dépréciation du dollar n’a finalement pas tant impacté qu’on aurait pu le craindre les exportations de zone euro sur les trois derniers mois, et les anticipations de croissance sur la zone se sont améliorées également grâce au changement de position des autorités allemandes quant aux dépenses budgétaires, tant en ce qui concerne les infrastructures locales qu’en ce qui concerne la défense militaire européenne. D’autre part, l’inflation de la zone euro a déjà largement convergé vers la cible de 2%. Ainsi, la Banque Centrale Européenne a laissé ses taux inchangés à un niveau de 2% depuis le début de l’été, confirmant la stabilité des anticipations financières sur la zone. 

 

Même l’abaissement de la note de crédit de l’état Français par les grandes agences de notation, dû à l’instabilité politique nationale empêchant d’implémenter une trajectoire budgétaire précise en France, n’a pas eu d’impact notable sur les marchés financiers, en tout cas jusqu’à ce jour. Certes, cet abaissement de note était largement anticipé par les marchés ; cependant, le rendement des obligations françaises à 10 ans est resté quasiment inchangé sur les trois derniers mois (à environ 3,5%) ainsi que celui des obligations de même maturité de l’état allemand (à environ 2,7%). Les obligations privées émises en euros ont également évolué sans tendance marquée sur la période. Ainsi, la performance des obligations du gouvernement allemand a atteint +0,7%*$  sur les trois derniers mois, alors que les obligations de bonne signature et les obligations à haut rendement ont respectivement progressé de +0,8%*$  et +0,3%*$  sur la même période.

 

Les marchés d’actions globaux ont progressé sur les trois derniers mois, les bénéfices des sociétés cotées restant bien orientés en moyenne, même dans un environnement économique moins favorable qu’auparavant. Les actions, américaines en particulier, ont également bénéficié de l’engouement des investissements sur l’intelligence artificielle, intérêt se portant sur l’ensemble de la chaîne de valeur sur ce segment, des géants de l’internet aux producteurs de semi-conducteurs et aux fournisseurs d’infrastructures informatiques et d’électricité. Cet entrain qui a été particulièrement marqué en septembre et en octobre a été tempéré par des prises de profit et l’émergence de quelques doutes sur cette thématique en novembre. En fin de compte, le marché d’actions américaines a progressé de 3,7%*$  en USD sur les trois derniers mois, alors que la performance du marché d’actions de la zone euro n’a été que de 0,6%*$  sur la même période, les sociétés européennes étant en moyenne beaucoup moins exposées à cette thématique de l’intelligence artificielle que les sociétés américaines. Au sein de la zone euro, ce sont plutôt les secteurs qui avaient été délaissés dans la première partie de l’année qui ont le plus progressé ces trois derniers mois, à l’instar du secteur du luxe et de l’habillement qui a monté de 16,9%*$ . 

 

Les marchés d’actions de pays émergents ont fortement progressé sur la période avec une performance mesurée en euros de 7%*$ . Il faut noter que les autorités chinoises ont publié des plans et des mesures visant à aider au redressement de la croissance économique qui s’est affaiblie ces dernières années. De plus, la faiblesse globale du dollar américain est favorable à ces marchés émergents, permettant de maitriser les prix des produits importés (souvent indexés au dollar), et notamment les produits et matières premières alimentaires. Cette maitrise de l’inflation permet donc un maintien, voire une baisse des taux d’intérêt locaux, situation favorable pour les sociétés de ces pays émergents.

 

Les sociétés cotées continuent en moyenne dans le monde à afficher des publications de bénéfices intéressantes. En ce sens, nous restons stratégiquement (sur le long terme) favorables à une exposition aux marchés d’actions globaux. De plus, les taux d’intérêt de la Fed (banque centrale américaine), actuellement autour de 4% nous semblent incompatibles avec la faiblesse croissante du marché de l’emploi aux Etats-Unis. Si elle se confirme, la continuation de la baisse des taux de la Fed devrait constituer un support pour les actions globales, tout en maintenant une pression à la baisse sur la devise américaine. Notre scénario central nous porte ainsi à préférer les actions de pays émergents et, également, les actions européennes, moins chères que les actions américaines et sans doute également moins sensibles aux revirements fréquents des autorités américaines sur les négociations commerciales internationales. Il faut cependant garder à l’esprit que le chemin, tant sur les bénéfices des sociétés que sur l’évolution de taux de la Fed, ne sera sans doute pas linéaire et que des revirements, au moins temporaires, seront probables. Nous nous attendons donc à une volatilité* accrue des marchés d’actions. Plus que jamais, une diversification importante est donc de mise, notamment par une exposition sur les obligations de crédit de bonne qualité libellées en euros dont le taux de portage (rendement net) est certes moins élevé qu’auparavant, mais qui devrait permettre d’amoindrir les chocs de volatilité des marchés d’actions au sein des portefeuilles.

 

*Volatilité : Ampleur des variations de valorisations.

  • Indice FTSE obligations souveraines allemandes.

  • Indice iboxx Euro Corporate Investment Grade

  • Indice Bloomberg Barclays Euro High Yield

  • Indice MSCI US en devise locale, dividendes nets réinvestis 

  • Indice MSCI EMU en devise locale, dividendes nets réinvestis

  • Indice MSCI EMU - habillement et luxe, en devise locale, dividendes nets réinvestis

  • Indice MSCI Emerging Markets en euros, dividendes nets réinvestis

Achevé de rédiger le 23 novembre 2025.

 

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